dimanche 27 décembre 2009

MUSTANG

Sur l'Autoroute 71 avec Mustang et autres digressions mélomaniaques.

Par Louie Louis


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Ne cherchez plus de fraîcheur pop française, et je pèse les mots FRAICHEUR et POP; Mustang est là. Un soir d'Octobre, dans un bar du 11ème arrondissement de Paris, et Wham bam thank you mam, trois jeunes gens à l'allure authentique, un chanteur à la banane soignée, régulièrement peignée, des pantalons Sta Prest, des Ray-Ban et surtout, une musique... nouvelle. Il faut dire dès lors à tous ceux qui s'attendent à une pâle copie des Stray Cats ou à un groupe rockhabilly qui regarde la vie dans un rétroviseur de moto se fourvoient complètement, et ceux qui présentent Mustang comme tel sont tout simplement les journalistes qui n'écoutent pas la musique dont ils parlent. Mustang rappelle finalement plus les "jeunes gens môdernes" d'il y a vingt-cinq ans que les teddy boys d'il y' en a quarante-cinq, si besoin il y a de les comparer. On retrouve chez eux cette envie de créer une musique pop novatrice tout en ayant les Sun Sessions d'Elvis en tête. Mustang, aussi bien épris de Gainsbourg que d'Aphex Twin, injectent des textes sincères sur des boîtes à rythme de Farfisa, des claviers dansants et des mélodies de Gretsch qui n'ont rien à envier à Brian Setzer. Au-delà de ces références éclectiques, il y a chez Mustang un réel pouvoir de parler aux jeunes avec des mélodies sans compromission aucune. Avec Mustang et leur album A71, clin d'oeil évident à Kraftwerk, on tient la recette parfaite de ce que doit être un groupe français en 2009 destiné à avoir du succès. Mustang ré-invente l'art du coup de rein, du regard méchant, et offre douze titres emplis d'une masculinité retrouvée, sans jamais se tourner vers le vulgaire. A71 vous redonne une raison de croire que la musique peut vous apporter une posture intelligente, un regard (moderne?), une manière élégante d'être un adolescent qui "rentre sa chemise dans son pantalon" et qui a les yeux (toujours) tournés vers les étoiles. Un coup de génie, de génie pop pour sûr... Et voici ce qu'ils ont à dire sur quelques points essentiels.


HibOO d'Live : Mustang "Je m'emmerde" from Le-HibOO.com on Vimeo.

Vidéo réalisée par Hiboo le jour de l'interview.



Z: Vous avez su créer une musique pop et honnête, noble en somme, pensez-vous qu'il y avait une place à prendre dans ce domaine? ou d'autres le font-ils selon vous?

Jean: Une place à prendre dans la pop, oui, car il n'y a pas eu de pop vraiment écoutable en France depuis longtemps, ni de rock d'ailleurs. Nous on se trouve entre la pop, la variété française et le rock and roll pur qu'on aime beaucoup.
Donc effectivement, je pense que dans le domaine musical français en général, il y avait une place à prendre, avec des textes en français.

D'ailleurs, chanter en français fut-il un choix difficile ou cela s'est imposé spontanément?

J: On ne s'est même pas posé la question, comme nous ne sommes pas complètement bilingue, ça s'est imposé spontanément.


On a un groupe en France, les BB Brunes, qui savent faire une pop à guitare, mais qui sonnent un peu vendus, vous, vous êtes un peu l'antidote aux BB Brunes...

J: Je crois pas qu'on puisse sonner "vendus"...


Johan: Sur la question de l'honnêteté, je vois pas trop ce que tu veux dire, je pense pas que les BB Brunes soient des vendus.

Disons qu'ils ont exploité des clichés, alors que vous, vous êtes arrivés avec vos propres clichés...

J: Oui, peut-être, mais je pense que l'honnêteté c'est une fausse question en musique. Ce qui est important, ce sont les bonnes chansons, basta.
Et puis on a peut-être pas écouté les mêmes choses que les BB Brunes, bien qu'on ait le même âge, on est passé complètement à côté de la vague Strokes, Libertines, c'est pas du tout ce qui nous a amené au rock and roll, on a toujours écouté plutôt des vieux trucs. Plein de jeunes ont découvert le rock avec les Libertines, nous on a plutôt commencé avec Nirvana, puis du coup les Stooges, et puis du coup Sucide, et puis Bo Diddley etc...


Quand je vous ai vu au Pop In la première fois, j'ai directement pensé à Suicide... avec cette fascination pour la musique des années 50 et 60 puis cette envie de sonorités nouvelles, ça vous caractérise bien je pense...

J: J'en suis ravi parce que c'est notre groupe préféré. Après, pour ce qui est des sonorités nouvelles, dans leur cas, c'est vraiment parce qu'ils n'avaient pas d'argent, et donc qu'ils ne jouaient qu'avec un vieux Farfisa à deux balles. Je pense que ce groupe s'est fait en bonne partie par hasard, mais c'est un beau hasard. Mais ce qu'on aime dans Suicide, c'est cette voix très Gene Vincent et cette musique hypnotique, et c'est ça qu'on a toujours aimé dans le rock, d'où les Stooges, le Velvet, puis Bo Diddley.


Et quant à l'ajout des sons synthétiques dans votre musique, des boîtes à rythme, avez-vous utilisé cela dès le début?

J: En fait on avait des potes qui jouaient dans des groupes garage et qui avaient des Farfisa, mais ils les utilisaient vraiment d'une manière très sixties, avec un gros son qui passait dans la Leslie, puis nous on a vu qu'il y avait des petites boîtes à rythme sur ces claviers, alors on a commencé à faire des morceaux avec ça, et c'est comme ça qu'on a fait le Pantalon, Pia Pia Pia ou Anne-Sophie. Mais on a dû trouver une solution, ces Farfisa étant trop vieux, ce n'était pas fiable sur scène, le tempo est trop flottant, donc on a samplé les boucles du Farfisa sur une boîte à rythme actuelle numérique.


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Je voudrais parler avec vous de la chanson Le Pantalon, quand l'avez-vous écrite? Je trouve que c'est la plus simpliste de votre album mais en même temps, nous sommes tellement à être passés par cela, cette recherche d'authenticité dans une ambiance nauséeuse de molle tolérance, de comportements se voulant subversifs mais qui sont en fait bien-pensants... Nos années lycées ont été faites de cela... Saviez-vous en l'écrivant qu'à travers la France, une poignée de jeunes se retrouverait dans les paroles?

Jo : On l'a écrite l'été dernier.

J: J'en sais rien, je remontais mon pantalon un jour, j'étais en train de me saper, et c'est venu comme ça, je me suis dit que ça ferait une bonne histoire, une bonne chanson. Le personnage de la chanson est à la fois un peu ridicule et en même temps c'était bien sûr histoire de lancer une pique à tous les trucs qui nous ont fait chier, les manifs, les mauvaises chansons; parce que ce n'est pas le problème des idées, ce qui nous gêne c'est pas la manifestation mais les manifestants, leur attitude, ce qu'ils écoutent...

C'est-à-dire que nous au lieu d'avoir Imagine, on a eu Un jour en France...

Je sais que Joann n'est pas toujours d'accord avec ça, mais je pense qu'on a fait notre groupe contre des trucs qui nous ont fait chier, qu'on n'aimait pas.
Faire un groupe comme le vôtre, quoiqu'il en soit, c'est une réaction, une réaction esthétique et surtout musicale que certains groupes comme les Naast avaient déjà entamée...

J : Oui, les Naast étaient les plus racés, j'aimais bien. Mais globalement, il y a quand même un problème en France, c'est que les groupes refont l'histoire après les Anglais... Regarde les BB Brunes, leur problème, leur limite, c'est que ce sont des Libertines français.

Jo : Ca manque d'audace.

J: Tu vois la mini-révolution qu'il y a eu en France avec des petits groupes qui avaient de bonnes chansons, ça s'est fait trop tard, en gros quatre ou cinq ans trop tard.


Mais il faut dire qu'on a traversé une période néfaste en France où les gens avaient une idée très sale du rock, et cette idée dominante empêchait quoique ce soit de bien de se faire... Et c'est pour ça que je parle de "réaction" pour qualifier votre groupe... Et on l'a vu quand les groupes dont on parle ont été interviewé: il y avait un décalage énorme entre l'idée que se faisaient les journalistes du rock et celle que s'en faisaient les musiciens...
J : Je trouve ça très triste, car c'est à la fois ce que tout le monde attendait: des jeunes types avec des guitares, et à la fois on leur a tiré dessus sans scrupule, avec des arguments à la con comme "vous savez pas jouer"... Et alors? Qu'est-ce qu'on en a à foutre?

Jo : Mais les détracteurs ont fait pire, comme les attaquer sur leurs origines sociales, qui était leur père etc...


J: C'était parce qu'ils étaient bien habillés, preuve que ces gens-là n'avaient rien compris, parce que le rock à la base, c'est des mecs mieux sapés que tout le monde. C'est bien que les jeunes aient de nouveau compris ça, parce que c'est le grunge qui avait chamboulé ça, et c'est allé dans la mauvaise direction, alors que Kurt Cobain était un mec stylé.
En tout cas, nous, on est à la fois dans la lignée de ces groupes parisiens, et à la fois on s'en différencie; en fait, on profite de leurs erreurs.

Parlons de la province, c'est comment Clermont-Ferrand pour lancer un groupe comme le vôtre?

J : Il peut y avoir un buzz très rapide à Paris, les groupes peuvent trouver très vite des dates, et ce n'était pas le cas chez nous, mais on n'a pas trop à se plaindre car des gens nous ont bien aidé.

Jo : On est arrivé au bon moment, parce que quand on a commencé, les gens parlaient un peu de Clermont-Ferrand grâce au groupe Cocoon, que l'on n'aime pas, mais ça a contribué à ce que les gens se tournent vers notre ville.
Y'avait aussi pas mal de bars pour jouer, et quelques groupes garage, une mini-scène en un sens.
Maintenant, ça sent un peu la fin de tout ça, parce que si tu te bases sur le cas de Paris, plein d'endroits ferment, c'est un peu la mort des concerts.

J: Ce qui est super bien en province, en tout cas à Clermont, c'est que tu as la possibilité de répéter très vite et quand tu veux; les lieux sont faciles à trouver.


Vous avez eu la chance de vous trouver, car ce qui est dur en province finalement, c'est de trouver des gens qui ont les mêmes goûts et ambitions que soi...


J: Oui, nous a commencé exactement ensemble, on a acheté nos instruments en même temps, et à l'époque on avait quelque chose comme trois disques chacun, on les a mis en commun et on a commencé notre chemin.

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En ce qui concerne la musique électronique, présente sur votre album, quelles sont vos références? Y en a-t-il qui soient actuelles?

J : A vrai dire on écoute pas vraiment de trucs actuels, ce n'est pas par principe mais c'est comme ça.
On clôture l'album par une reprise d'Aphex Twin car ce mec est un génie, mais sinon, la référence absolue c'est Kraftwerk.


Jo : Le nom de l'album est un clin d'oeil à Kraftwerk (Autobahn ndlr) et non à la Route 66 comme certains le disent.



Donc pas d'idoles actuelles pour Mustang, pas d'influences de leurs temps? Il y a bien des artistes que vous admirez...

J : On nous pose tout le temps la question, et à chaque fois je me dis après "tiens j'aurais pu répondre ça".

Jo : Je pense qu'on nous pose la question parce qu'on sonne actuel.

J : J'espère. Pour ma part j'aime beaucoup The Streets, et plus récemment Sea Within a sea des Horrors.

Rémi : Moi j'avais aimé l'album Sexuality de Sébastien Tellier, mais c'est plus très actuel.

Jo: Moi je commence à bien apprécier le dernier album de Lily Allen, c'est ma copine qui écoute ça. On se moque, mais c'est de la bonne pop anglaise.


J: Et sinon, le dernier truc qu'on a vraiment kiffé, c'est l'album d'Arnaud Fleurent-Didier.

Dernière question, évidente : comment envisagez-vous l'avenir?

Jo : Faire le plus possible de concerts.

J: Et un deuxième album très vite, on a les chansons pour ça. On commencera à enregistrer à l'été 2010.










jeudi 17 décembre 2009

KOUDLAM : GOODBYE

Laptops banlieusards et élitisme suicidaire

Par Louie Louis


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Imaginez un surdoué, un vrai, pas le petit Gaëtan qui emmerde tout le monde à la récré et qui a zéro en dictée, non, pas lui mais un nerd aux fascinations stellaires qui se dit, après avoir soufflé sur la mèche qui couvrait son regard (machinalement, car cela fait longtemps qu'il ne regarde plus le monde extérieur) , qu'il pourrait faire de la musique, mais sans trop se casser le cul quand même, parce que de toute façon personne ne va le comprendre.


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Ah mais aussi, comme il connaît un peu les hipsters parisiens, il faut qu'il trouve un concept, car sinon personne ne fera attention à lui, et il en a marre que personne ne fasse attention à lui, c'est vraiment la dernière chose qu'il souhaite en faisant de la musique...
Donc, il trouve un concept novateur, qui va en faire saliver plus d'un: civilisations amérindiennes anciennes / fin du monde / îles de Pâques (et que l'on ne me dise pas que je la ramène trop avec Le matin des magiciens, parce que là, on est en plein dedans), et il fait aussi preuve d'un bon goût et d'une sensibilité telle qu'il signe sur Pan European Records, le label de Romain Turzi, qui peut se targuer des plus belles pochettes de disques actuelles et des musiciens français les plus audacieux... Soit. Koudlam a gagné sa crédibilité, et il a trouvé sa recette: boucles, boucles et toujours boucles qui agressent l'auditeur, qui lui disent "je t'emmerde", agrémentées de nappes et de quelques arpèges de guitare. Et la voix ! La voix de Koudlam, c'est Ian Curtis qui a une angine et qui vit à Créteil; c'est ce personnage surdoué, qui même s'il essaie de rester distant et je-m'en-foutiste, s'il boit tout un pack de bières avant d'aller enregistrer, fera toujours quelque chose de génial.


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Par exemple, bien loin des canons pop du mélomane moderne mais pas trop , See you all est un chef-d'oeuvre, une chanson dotée d'une dimension mystique ET POURTANT, ce n'est qu'un sample en boucle, un beat banal et grossier et une voix chantée trop à gauche du micro avec la clope à la bouche entre deux phrases. Au même titre, Tonight est un ersatz post-punk avec flûtes péruviennes comme à Châtelet, Eagles of Africa ressemble à de la musique d'ascenseur pour quand il ne restera plus qu'un ascenseur sur Terre et j'en passe... On pourrait dévaloriser Koudlam pendant des heures et jouer la carte du hold-up hype, mais rien n'y fait, impossible de détester l'album Goodbye, car il est excellent et il se dispense bien de ce que nous attendons d'habitude d'un album...
Koudlam, sorte de Gainsbarre du PC sur scène, avec sa tête de fumeur de Gitanes insoumis, peut bien s'offrir le luxe de bâcler, car il tape là où il faut...


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En effet, Goodbye est presque thérapeutique, il nous plonge en face de nos névroses,de nos phobies d'apocalypse bien refoulées... Koudlam réussit à vous faire dire "A quoi bon?" et à ne trouver aucune réponse, surtout pas celles que vous avez toujours tenté d'apporter. En ce sens, Koudlam est novateur, car il a inventé la musique qui ne donne pas d'espoir, même pas celui de s'unir dans la désespoir. Koudlam n'est pas futuriste, non, mieux que ça, il est actuel: Goodbye est l'oeuvre d'un artiste qui ne s'est pas fait voler son présent, pas étonnant en somme que l'album soit suicidaire, et que son seul message soit "Adieu" : "Adieu le monde du retour de la pop à guitares et des jolies filles, tout cela n'existe pas, seul le présent existe et personne n'est capable de le vivre."
Au final, je ne sais pas si Koudlam est pleinement un escroc et s'il sort de chez Colette plutôt que de la banlieue pluvieuse que je m'imagine, mais je sais qu'avant 2012, nous devons détruire nos horloges et écouter Koudlam car là est notre salut.

mardi 1 décembre 2009

Julian Casablancas - Phrazes for the young

La pierre philosophale d'un ancien Strokes
Par Louie Louis


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Honteusement pour certains, heureusement pour d'autres, j'ai dès le début préféré les Libertines aux Strokes, car, nous ne le dirons jamais assez, ils avaient le pouvoir de toucher un kid droit au coeur. La production "racée" de l'aristocratie rock new yorkaise que représentaient les Strokes, ne m'intéressaient à vrai dire pas du tout, et c'est encore le cas aujourd'hui. Mais gageons au moins qu'être passé à côté des Strokes permet d'apprécier l'album solo de Julian Casablancas, qui n'est certes pas et ne sera jamais un excellent disque, puisque précisément il faut une condition pour l'aimer, à savoir ne pas avoir écouter les Strokes. Néanmoins, il s'agit d'un bon album, dansant , bien produit, beau; mais qu'est-il en profondeur?

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Phrazes for the young est le disque d'un mec qui aimerait absolument retourner en arrière et ne jamais avoir eu trente ans, le disque d'un new yorkais en Converse qui boit aujourd'hui des cocktails à Los Angeles bien chaussé dans ses bottes, le disque qui joue pour son auteur le rôle du portrait pour Dorian Gray: un objet qui l'immortalise dans ce qu'il n'est plus, qui le cristallise dans la peau d'un esthète visionnaire et jeune, alors qu'il n'est qu'un ancien alcoolique père de famille.
La pochette est splendide, les chansons en mettent plein la tête, mais la vérité est ailleurs, bien moins belle.
Phrazes for the young, en ce sens, suggère le faux parfait, la charogne décadente du vingt-et-unième siècle, c'est Casablancas en Des Esseintes pop qui nous envoie ce message: "regardez-moi immobile avec mon chien et ma guitare, car en mouvement, je ne vaux plus rien, je ne suis plus un exemple, non, plus que ça, je suis une légende." Une légende de la musique pop des années 2000 qui peut aujourd'hui se permettre de jouer avec des synthétiseurs sur la côte-ouest américaine, voilà ce à quoi Casablancas peut prétendre, au mieux, une fois que l'on a percé la façade de l'album à la mode et esthétiquement irréprochable.
Evasif en interview sur la question de son ancien groupe, et évasif sur tout le reste d'ailleurs, Casablancas semble avoir mis jusqu'à son dernier souffle de créativité dans Phrazes for the young et ses huit tubes potentiels, comme s'il ne lui restait plus longtemps à vivre.


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Quand les Strokes enregistrait Is this it, Julian Casablancas avait dit ceci à son ingénieur du son : "Il faut que ça sonne vieux, mais comme du vieux de 2010", phrase qui relève d'un charisme évident, et aujourd'hui remplacée par "il faut que ça sonne intemporel, mais comme de l'intemporel de 2009 que l'on n'écoutera plus en 2010"; voilà tout ce que j'ai trouvé pour vous dire que Phrazes for the young ne semble pas abouti, suggérant un peu trop la bouée de sauvetage d'un plus-très-jeune homme aux yeux cernés qui laisse traîner ses fins de phrases quand il chante pour pouvoir être exceptionnel; il ne sera donc qu'attendrissant. En somme, ce disque est une illusion, paré d'artifices synthétiques, mais tout comme la tortue du héros de Huysmans dont la carapace est incrustée de diamants reste un animal lourd, rampant et surtout mortel, Phrazes for the young reste un album bêtement actuel, plaisant jusqu'au mois prochain, quand tout ce qu'il a d' émouvant et de beau surprenant nous aura lassé et que l'on écoutera le nouveau Vampire Weekend.


Outre la métaphore post dix-neuvièmiste, très appropriée au demeurant, disons que Casablancas en a déçu plus d'un, à savoir les puristes des Strokes, trouvant son disque trop calibré fm, trop dans le moule du vingtième retour des synthétiseurs en cinq ans... Cela dit, souvenez-vous, les Strokes ne surfaient-ils pas sur une vague clairement à la mode dans le monde entier? Ou alors leur manager en était-il le précurseur, mais la frontière est mince.
Julian Casablancas sait écrire des chansons, et semble avoir le flair pour s'entourer de ceux qui les pareront de bon goût, mais a-t-il été un jour authentique? ...
Alors sachons apprécier Phrazes for the young comme l'oeuvre éphémère et pleine de bon sens qu'elle est, sans se soucier de demain, ou de l'envers du décor. Dansons ce soir, nous verrons plus tard pour le reste.


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jeudi 26 novembre 2009

A venir sur Zhou...

De nouveaux articles, de nouvelles chroniques et un interview du groupe Mustang.
Keep it out of sight



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samedi 14 novembre 2009

A ne point louper ...

Le Jeudi 19 Novembre, Louie Louis votre dévoué, sera derrière les platines de la Mécanique Ondulatoire pour une sélection musicale pointue, dansante, folle en compagnie d'Alex Twist,
résident des soirées On Twist de ce lieu.
En espérant y voir vos jambes bouger, je vous dis à très bientôt.


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mercredi 11 novembre 2009

Chers lecteurs de Zhou...

Calvin Dionnet, clairvoyant rédacteur de votre organe de presse non-officiel préféré (c'était pour ne pas répéter Zhou), inaugure une nouvelle rubrique, les "chroniques de la vie moderne", avec
un point de vue plein de justesse sur l'humour sur internet. C'est ici .

A très bientôt,

votre dévoué Louie Louis.


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Histoire d'humours virtuels...

Par Calvin Dionnet



S'il existait un royaume dans lequel il serait possible de tout dire, pour peu qu'on soit assez malin pour effacer ses traces, qu'obtiendrait-on?
Pour beaucoup de la pornographie et un paquet de blagues salaces. Bienvenue sur internet...


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Plus sérieusement, si internet permet l'avènement du pire comme du meilleur, mais plus régulièrement du moyen, un seul langage en transperce toutes les couches: l'humour.
Ainsi mon accroche, aussi ironique soit elle n'a pour but que de démontrer les différentes réalités de l'humour sur internet: comprenez unilatéral, libre, et dépendant uniquement du bon vouloir de son émetteur.

Ainsi on y trouve des sites aussi variés que Kitlers (contraction de kittens et de Hitler) qui propose une collection de chats ressemblant à Hitler, les Yoga Kitty ou un site de perruques pour chats (dans lequel il est important de noter que quelque soit la couleur ou la longueur chaque félin obtient une certaine ressemblance avec Cher).


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Dans les faits il existe bien d'autres types de sites qui feraient passer Video gag pour une réunion des plus grands prix Nobel mais ce qu'il est intéressant de constater, outre le fait que Brigitte Bardot n'a aucun effet sur internet c'est qu'à travers le registre tentaculaire d'internet et le prisme pourtant particulier a chacun de l'humour, des communautés très diverses parviennent à se retrouver autour des mésaventures d'autres animaux tout aussi anonymes (si on se fie a la théorie selon laquelle on rit toujours du malheur d'autrui).


Cependant il existe aussi un grand nombre de limites au registre de l'humour sur internet. Le plus fameux étant le descendant du quiproquo de la grande époque du théâtre, véritable fléau des réseaux sociaux, messieurs mesdames je vous présente: le premier degré.
En effet qu'on soit sur "face de bouc" ou même sur le défaillant "mon espace" il est habituel de se retrouver face à des situations émotionnellement intenses telles que des guerres adolescentes et autres escarmouches des sentiments planant.

Pourquoi? Mais parce que nous n'avons pas le moyen de vérifier, par sa tonalité ou son expression faciale, si la personne en question avait réellement pour but d'insinuer que tata Simone avait des relations intimes avec des boucs....


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Un dilemme presque TF1 en toutes sommes (voyons soyez modernes, Corneille est mort) qui nous laisse face à cette conclusion proche des Feux de l’amour, l’humour se voit offrir un nouvel horizon grâce au virtuel mais il dépendra toujours d’un dernier barrage: un récepteur pour rire, voir, comprendre toute blague, qu'elle soit potache ou outrageuse.

jeudi 29 octobre 2009

Jean-Jacques Perrey : Joyeux entretien

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Par Louie Louis.


Je vous parle de mon premier rapport avec la musique électronique. Ou l'un des premiers, certes...
Quand j'ai entendu E.V.A pour la première fois, je me suis dit que c'était mieux que la Messe pour les temps présents qui est d'ailleurs plus un disque représentatif du talent de Michel Colombier que de celui de Pierre Henry, mais passons.
Jean-Jacques Perrey est une sorte de mythe du monde de la musique: un personnage atypique et futuriste, qui, à quatre-vingt ans vous transmet encore une incroyable énergie positive et
créatrice, ne fut-ce que par courrier électronique, tout comme il réussissait déjà à le faire à travers ses disques des années soixante, époustouflants d'intemporalité et d'incandescence joyeuse inépuisable.
Ses interventions médiatiques sont plutôt rares, mais beaucoup de gens ont l'homme en tête pour ses mélodies jouées au moog et son utilisation de l'Ondioline, un instrument dont il fut l'ambassadeur dès 1960.
Il incarne à n'en pas douter l'idée d'un futurisme sincère qu'aucun artiste ne peut aujourd'hui atteindre, et au même titre que les Beatles (toujours eux), la joie en musique, et pour cela, il fallait qu' hommage lui soit rendu par Zhou.
J'ai contacté Jean-Jacques Perrey par un des moyens les plus propices à la non-réponse qui existent, à savoir Myspace, et contre toute attente, ce ne fut pas en vain, l'homme m'a répondu vite et... bien !
A ce jour, cet intarissable artiste habite en Suisse, c'est donc par e-mail que l'interview s'est déroulé, et vous verrez, en lisant celui-ci, que Jean-Jacques Perrey n'a pas perdu de sa certaine naïveté qui caractérise des disques, qu'en bon être humain qui a traversé seconde guerre mondiale ET guerre froide, il rêve de paix et d'amour, un homme de son temps en somme, mais ô combien sincère...


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Perrey et Dana Countryman, avec qui il a réalisé son dernier disque: Destination Space

Z: Nous allons commencer par retracer un peu votre parcours...
Vous débutez la musique avec l'accordéon? Comment en venez-vous à l'Ondioline? Quelles portes cet instrument vous a-t-il ouvertes?
J.J: J'ai commencé à jouer de l'accordéon dès l'âge de quatre ans ... Même très jeune , j'ai été très attiré par la musique ! Dans les années 50 , pendant mes études à la Fac de Médecine , j'ai rencontré Georges Jenny , l'inventeur de l'Ondioline , un instrument qui a été le premier synthétiseur français de l'époque . Cet instrument et son inventeur m'ont ouvert les portes d'une fructueuse carrière de musicien et de compositeur .

Z: Vous avez tourné avec Edith Piaf... Quel souvenir en gardez-vous?
J.J: Un souvenir très émouvant et inoubliable . C'est Jean Cocteau qui me l'avait présentée ; j'avais rencontré cette immense artiste dans un cabaret-club , à Megève ou je présentais en attraction mon numéro musical avec l'Ondioline , intitulé Around the world in 80 ways. Par la suite , Edith m'a recommandé à Carroll Bratman , un producteur américain de New-York , lequel est devenu mon sponsor aux Etats-Unis . Je serai éternellement reconnaissant à Edith Piaf et à Jean Cocteau d'avoir été les artisans de ma réussite dans la carrière musicale internationale .


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Jean-Jacques Perrey dans les années 60.

Z: Qu'est-ce qui vous a poussé à l'expérimentation électronique dans les années 60?
J.J: Dans les années 50 , j'étais déjà un fan de la " musique électronique "... A cette époque , j'étais très intéressé par les recherches scientifiques d'un hollandais dont le nom était Tom Dissevelt ; il avait enregistré sa musique en utilisant plusieurs magnétophones qui tournaient ensemble , en direct , et dont le son était programmé par ordinateur... Oui, déjà !
Puis , j'ai découvert le fabuleux guitariste américain Les Paul qui avait , le premier , expérimenté ce que l'on a appelé au début le " Re-Recording " !
J'étais aussi un fan de Spike Jones , cet extraordinaire humoriste américain qui dirigeait un orchestre loufoque en utilisant des bruits bizarres et inattendus !
Ces grands musiciens ne sont plus très connus aujourd'hui , sauf par leurs anciens admirateurs.
Mais ces trois personnes , en particulier , m'ont extrêmement influencé dans le style de musique que j'avais choisi , et que j'allais enregistrer par la suite ...

Z: Au début des années 60, vous faisiez dans les jingles, dans l'illustration musicale, ce format était-il propice à votre créativité? Ou la limitait-elle?
J.J: Oui , l'élaboration de jingles , l'illustration musicale , la musique pour l'image etc ont été des éléments qui m'ont beaucoup aidé dans la recherche de mon style de musique favori , car ces expériences étaient d'excellents exercices de style, si l'on peut appeler ça comme ça !

Z: Parlez-nous de vos collaborations avec Harry Breuer et Gershon Kingsley...
J.J: Gershon Kingsley et moi avons élaboré nos deux premiers Vinyles chez Vanguard , un label qui a largement contribué à nous faire connaître.
Harry Breuer a été l'un de mes plus fidèles collaborateurs , au cours des dix ans pendant lesquels je suis resté aux Etats-Unis , dans le studio que Carroll Bratman m'avait aménagé dans son immeuble , au 209 West 48th Street à New-York .

Z: Dans les années 60, vous utilisiez des outils et méthodes révolutionnaires comme les claviers analogiques et le sample... Comment le public recevait cela à l'époque?
J.J: Le public ne cherchait pas tellement à comprendre le côté technique , ni les noms des instruments , ni le matériel secondaire utilisé au cours de l'enregistrement de la musique ...
En effet : à cette époque , le public ne se préoccupait pas de la façon dont la musique avait été élaborée ... Il aimait , ou il n'aimait pas ; ou alors , il demeurait indifférent à ce genre de musique, ce qui était bien pratique et rendait superflu tout commentaire !

Z: Comment avez-vous reçu la musique pop à cette époque? Aviez-vous des groupes préférés?
J.J: Bien sûr , j'étais un fan des Beatles ... Puis , plus tard , des Beastie Boys ... puis de beaucoup d'autres encore , des groupes plein de talent qui ont fait évoluer la musique Pop . C'est un véritable mouvement perpétuel !

Aujourd'hui, vous êtes une sorte de mythe, un pionnier de la musique électronique etc, mais quel succés avez-vous eu à l'époque?
J.J: Comme pour tous les jeunes compositeurs de l'époque , ce fût un succès discutable et très limité au début ...
Mais la télévision américaine , Harry Breuer , Carroll ratman , et aussi mon ami Angelo Badalamenti m'ont beaucoup aidé ...
J'ai voulu persévérer , je me suis "accroché" et , bien entendu , je ne le regrette pas !

Z: En 1972, un de vos titres est utilisé pour la parade de Disneyland, et aujourd'hui encore vous êtes lié à ce grand parc d'attraction... Pouvez-vous nous expliquer quelles sont vos activités en son sein?
J.J: Je viens d'atteindre "un âge canonique" qui me permet maintenant de me reposer un peu .
Pour le moment , je n'ai plus d'activité créatrice chez Disneyland ...
Mais je suis toujours en contact avec Don Dorsey , le Directeur Musical de Disneyland-Californie ainsi qu' avec Vasile Sirli , le Directeur Musical de Disneyland-Paris . Nous sommes tous trois devenus des amis très proches .

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Z: Aujourd'hui, quand vous voyez que le sampling est une pratique démocratisée, que cela vous inspire-t-il? Pensiez-vous avoir une démarche futuriste à l'époque?
J.J: Oui , car à ce moment là , j'ai réalisé que cette technique allait progressivement révolutionner le monde musical et ouvrir la porte à une musique beaucoup plus riche , plus élaborée , plus futuriste ...
C'était à prévoir , et les spécialistes l'avait pressenti ! Ils ne s'étaient pas trompés !

Z: Plus largement, que pensez-vous de la musique électronique aujourd'hui, et même du hip hop?
J.J: Cette évolution était inévitable ; la musique actuelle est tout simplement la résultante logique de cette technique !
Le Hip-Hop est un style qui est apparu à la fin des années 60 . Ce style est issu du Rythm & Blues.

Z: A ce propos, vous avez collaboré avec une figure actuelle de la musique électronique, Luke Vibert... Racontez-nous cette rencontre... Cet homme est un dénicheur de perles, ses compils sont très riches, il a le profil parfait pour être un adorateur de Jean-Jacques Perrey...
J.J: J'ai rencontré Luke Vibert à Londres ; nous participions ensemble à un spectacle avec d'autres artistes spécialisés dans la musique dite électronique .
Nous avions les mêmes concepts et les mêmes idées en ce qui concerne l'avenir de ce genre de musique. Nous avons immédiatement sympathisé .
Luke est un fabuleux Musicien et un grand Artiste . C'est aussi un être très attachant , nous éprouvons l'un pour l'autre un respect certain et une amitié sincère et réciproque . De ce fait , nous avons décidé , d'un commun accord , de réaliser un album ensemble (Moog Acid, ndlr).

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Z: Vous êtes un symbole de l'expression de la joie en musique, et vous avez une image de "gentil monsieur", souriant, très amical... Avez-vous travaillé cette image? D'où vient-elle?
J.J: Je n'ai pas cultivé cette image , cela a toujours été un "état naturel" chez moi .
Je pense qu'à l'époque actuelle , il est nécessaire de combattre la sinistrose , ce mal du siècle !
L'humour est devenu une arme indispensable pour vaincre cette sinistrose ... De plus en plus , nous vivons dans un climat extrêmement difficile , la peur d'un conflit armé , la crainte de la violence d'autrui , le péril atomique , la pollution de la planète , les pandémies ... etc !
Regardez par exemple , dans les transports publics et même dans la rue , les yeux qui vous fixent, craignant une agression des autres.
Les sourires ont pratiquement disparu des visages , les lèvres sont ainsi devenues inexpressives !
Les habitants d'un petit immeuble ne se connaissent même pas entre eux ...
Oui , la sinistrose est la véritable maladie du siècle ...
Il serait grand temps de réagir contre ce comportement , qu'il soit craintif ou agressif ! C'est pratiquement devenu un reflexe d'auto-défense !
On ne pourra sortir de cette situation inextricable qu'avec un sourire , ou un geste pacifique et amical !
Et , d'ailleurs , pourquoi pas : grâce à la musique ? A une chanson ?
Si tous les gens du monde voulaient bien chanter ensemble...
Et la musique est un moyen très efficace pour rassurer tous ceux qui ont peur de l'avenir !

Z: En règle générale, vous êtes très porté sur le bien-être, le bonheur... Dans les années 70 , vous étudiez la musicothérapie. Dites nous en plus sur cette discipline? Dans quel cadre vous a-t-elle intéressé? La musique doit-elle apporter le bien selon vous?
J.J: Le "bien" est souvent généré par l'art , et essentiellement par l'art musical !
J'ai effectivement fait des recherches dans le domaine de la musicothérapie , et effectué des expériences qui , d'ailleurs , ont été très concluantes...
Mais de nos jours , il n'y a que les drogues pharmaceutiques qui sont utilisées dans ce domaine !
Peut-être parce que cela rapporte plus d'argent ?

Z:Si vous deviez dire en quelques mots ce que vous pensez du XXIème siècle...
J.J: Je vous le dirai dans 100 ans ... Rendez-vous ici-même fin 2099 , si vous le voulez bien !

Z: Qu'auriez-vous fait si vous n'aviez pas été musicien?
J.J: J'aurais pu être médecin , spécialisé dans la psychothérapie , si toutefois le petit démon de la musique n'était pas venu me hanter !
Mais il ne faut jamais rien regretter ...

Z: Avez-vous des projets que vous pourriez nous faire partager à ce jour?
J.J: Oui , j'ai encore des tas de projets à réaliser ... Mais je ne sais pas encore par lequel commencer ...


Z: Maintenant, il me semble intéressant de vous faire répondre au questionnaire de Proust, je trouve cela assez amusant...

Quel est le principal trait de votre caractère?
J.J: Si je puis me le permettre , je crois que c'est un discret sens de l'humour ...

Z: Que préférez-vous chez une femme et/ou chez un homme?
J.J: Chez une femme , sa féminité . Chez un homme , son respect pour la femme .
Pour l'une , et l'autre , la bonté d'âme et la volonté de protéger nos compagnons animaux ...

Z: Qu'appréciez-vous le plus chez vos amis?
J.J: La fidélité en amitié .

Z: Quelle est votre occupation préférée?
J.J: Visionner des DVD's de science-fiction at home ...

Z: Quel est votre idée du bonheur?
J.J: Pouvoir vivre dans une société humaine heureuse , avec des compagnons-animaux heureux , autant que faire se peut ...

Z: Ou souhaiteriez-vous vivre?
J.J: En Suisse , là où je vis en ce moment ...

Z: Quelle est votre couleur préférée?
J.J: Bleu.

Z: Quels sont vos auteurs favoris?
J.J: Molière , Sacha Guitry , Ray Bradbury , etc ...
Pardonnez-moi , ils sont tellement nombreux que je ne puis les citer tous !

Z: Quel(les) sont vos héros/héroïnes dans la fiction?
J.J: Les Personnages de Walt Disney ...

Z: Et dans la réalité?
J.J: Walt Disney et ses Personnages ...

Z: Que détestez-vous par-dessus tout?
J.J: La violence, la cruauté, la méchanceté et tous ceux qui osent maltraiter les animaux.

Z: Y a-t-il un personnage historique que vous méprisez particulièrement?
J.J: Oui , les dictateurs ...
C'est la raison pour laquelle je n'utilise pas de majuscules pour écrire leurs nom !

Z: Quel don voudriez-vous avoir?
J.J: Le don d'ubiquité !

Z: Comment aimeriez-vous mourir?
J.J: Sans m'en rendre compte ...

Z: L' état présent de votre esprit?
J.J: Un tantinet "anarchique" !

Z: Quelle est votre devise préférée ?
J.J: Le dollar ...

Non , bien sûr , je plaisante ! Ce serait plutôt :
Priorisons l'humour !
Car les gens qui n'ont pas d'humour ne sont pas des gens vraiment serieux !

mardi 20 octobre 2009

Précieux lecteurs...

En attendant l'arrivée (dans le plus beau désordre) du point de vue de Calvin Dionnet sur le luxe de l'anonymat du consommateur moyen de l'internet 2.0, un état des lieux sur le retour du vinyle et tous les labels de rééditions, une enquête sur le home studio tout puissant par Louie Louis ainsi que les apologies respectives d'un jeu vidéo FABuleux et d'un fast food qui ne l'est pas moins, Zhou vous propose non seulement une nouvelle mise en page en adéquation avec le format "webzine" mais surtout vous conseille l'achat et l'écoute du EP du groupe Penelope, ou quatre titres de modernisme interstellaire et sonique:

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A ce propos, une interview du chanteur du groupe sera bientôt en ligne.

Keep fast

jeudi 8 octobre 2009

Air - Love 2: Un septième pavé dans la mare.

Par Louie Louis

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Si le message de Kraftwerk était clair et inégalable, tendant vers la robotisation du musicien au même titre que celle du travailleur moderne, Air aujourd'hui nous rappelle avec Love 2 (prononcer "Love deux") que la musique électronique peut aussi être faite par des êtres humains. Un choix organique assumé qui fera dire à certains que l'album sonne creux ou je ne sais quoi.


Comme de dignes héritiers de François De Roubaix, Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel utilisent les claviers analogiques non pas comme une finalité en eux-même mais comme un moyen pour arriver à quelque chose de beau; toujours légers même quand ils affirment avoir voulu utiliser tous les instruments qu'ils possèdent dans leur studio Atlas et toujours puissants malgré le minimalisme des textes, parfois à la limite du mielleux ( Au fond du rêve doré, sorte de générique du Miracle de l'Amour dépouillé de son mauvais goût).


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Love 2 est un disque qui regorge de concepts sincères, d'une sorte de naïveté retrouvée qui, faute de m'être compréhensible tant que je ne serai pas un trentenaire, a au moins le mérite de m'interpeller agréablement; car même si le duo a adopté une démarche différente que celle de son précédent album, qui était déjà différente de celui d'avant etc etc, il pratique toujours une musique suggestive et sensuelle, et c'est précisément là que l'on s'y retrouve. Ne cherchez pas dans Love 2 le Sexy Boy bis , mais dites-vous simplement qu'écouter de la musique à la fois intuitive et sophistiquée, simple et référencée, électronique et organique, c'est encore autant de bonnes raisons d'aimer un disque.
Tous les albums de Air vous renvoient à une dimension astrale, si lointaine qu'elle en est presque gênante, dans le plus pur respect des bases posées par Moon Safari, et ce Love 2 ne déroge pas à la règle et semble dès l'ouverture (Do the joy) vous dire ceci : "jouissons de l'instant, mais restons polis" , comme un antidote à toutes les formes de morales désuètes tiraillées entre "rester sage" et "s'éclater au point de maltraiter son corps", et ce, juste à travers la musique. Air nous rappelle que l'on peut et doit avancer vers l'apocalypse avec élégance et que peut-être alors nous y échapperons.
Outre ces digressions presque métaphysiques, concluons simplement et efficacement: Air nous a une fois de plus prouvé qu'ils savent pratiquer la musique électronique (puisque c'est ainsi que nous les cataloguons) telle qu'elle aurait toujours dû être, à savoir un artisanat précieux et visionnaire; et pour cela, merci.


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Photos par Luciana Val et Franco Musso extraites du site aircheology.com .

lundi 5 octobre 2009

Quentin Tarantino et son Inglorious Basterds .


Critique subjective d'un homme et son film,

par Thomas Pujol


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Cet article n'est certainement pas fait pour enfoncer des portes ouvertes .Dire à un cinéphile que Tarantino est un grand réalisateur, un cinéaste majeur des 90's revient à balancer à un spécialiste des questions de politiques internationales : « la guerre c'est mal, on devrait tous se donner la main. » .Rien de plus vrai ! Certes, mais quand on a dit ça, qu'a-t-on vraiment dit?


Celui qui a commencé dans le 7éme art comme ouvreur d'un ciné porno dépeint avec humour des personnages surréalistes dans une Amérique white trash impitoyable et explosive, pour faire plus simple, dans une amérique tarantinesque.
Pas étonnant que le nom du bonhomme soit devenu un adjectif dès son deuxième film : Pulp Fiction car l'Italo-Américano-Irlando-Cherokee (ou comment incarner tout seul un pan de l'histoire américaine) fait des films « différents », tout simplement .On pourrait disserter des heures sur son style, sa mise en scène, ses acteurs fétiches, son utilisation de la musique ou encore ses dialogues mythiques.

Mais tout le monde sait déjà que si jamais on se retrouve à discuter d'un Quarter Pounder with Cheese avec un américain, c'est bien d'un Royal Cheese dont il est question.

Alors bref, à quoi bon répéter ce que tout le monde ressasse depuis plus de 15 ans ?


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Tarantino sur le tournage d' Inglorious Basterds.


Ce que l'on dit moins c'est que Tarantino a régné sur les années 90 comme un roi paresseux qui aurait fini par s'endormir .Après Pulp Fiction et sa Palme d'or, il s'est contenté de filmer ce qu'il avait déjà vu quelque part y ajoutant par ci par là un peu de sa « Quentin touch » .Après tout Jackie Brown n'est que l'adaptation du roman Rum Punch mis à la sauce blaxploitation et le dyptique Kill Bill rien d'autre qu'un long hommage aux films de Bruce Lee et de la Shaw Brothers. Bien sûr il y a dans ces films des moments de mise en scène absolument fous et des éclairs de génie dont lui seul est capable. Mais est ce suffisant pour un roi ?
Alors qu'avec Pulp Fiction, il frappait un grand coup sur la table, Tarantino semble dès lors se contenter d'un cinéma de citation, cachetonnant par-ci par-là en réalisant un épisode de série tv, un court métrage pour un film à sketch ou une scène de Sin City.

Les mauvaises langues diront que Reservoir Dogs, son premier long métrage, n'était lui aussi qu'un remake caché de City on Fire de Ringo Lam .Mais peut-on réellement juger un cinéaste sur son vrai premier film ? Tarantino se cherchait, c'est évident, et puis Leone a bien commencer par adapter Kurosawa en western pour finir par faire Le bon, la brute et le truand, non ?

En tout cas, le pire arrive le 6 juin 2007 quand sort sur nos écrans Boulevard de la Mort , hommage inutile aux Grindhouse Films, où Tarantino filme Kurt Russel jouant à qui roule le plus vite avec toute une colonie de 95 C .Vroum Vroum et puis c'est tout .Pis, il finit même par s'autoparodier avec des dialogues sur-écrits qui tombent à plat comme un solo de Ringo Starr.


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Quentin Tarantino et l'époustouflant casting d' Inglorious Basterds.


C'est après ce film simple et sans consistance qu'il se décide enfin à réaliser le projet dont il parle depuis plus de dix ans, un long métrage sur la seconde guerre mondiale inspiré du film italien Une poignée de Salopards : Inglorious Basterds . Les fans de la première heure, dont vous l'avez bien compris ami lecteur votre serviteur fait parti, s'affolent .Ça y est, il revient et en plus il change ! Adieu les Etats-Unis des 90's, bienvenue dans l'Europe en guerre des années 40 ! Le gamin de Scorsese, Leone et Samuel Fuller va réaliser un film de guerre ! Ça va saigner les enfants ! Quoi qu'il arrive, nous allons voir autre chose .Tarantino va enfin prendre des risques et s'aventurer sur des sentiers qu'il n'a encore jamais exploré.
Sur le net, des noms circules on parle de Stallone, de Eddy Murphy, d'Adam Sandler, de Michael Madsen, de Simon Pegg, de Vincent Cassel, de Tim Roth, d'Isabelle Huppert, de Catherine Deneuve...Enfin bref, de tout et de n'importe quoi.
Ce sera Brad Pitt, Michael Fassbender, Eli Roth, Daniel Brühl, Mélanie Laurent, Diane Kruger et l'étonnant Christoph Waltz en colonel nazi sur lequel tout a déjà été dit.


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Déroutante Mélanie Laurent, éliminatrice de nazis au sang froid.

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Le non moins déroutant Christoph Waltz, dans le rôle du plus rusé des chefs SS de l'histoire du cinéma.


Le mercredi de sa sortie, je me retrouve à trois rues de chez moi dans ce cinéma qui vient d'être refait, l'endroit a une odeur bizarre de plastique et de velours neufs .Les sièges sont d'un rouge vif, brulant, saignant .Pas de doute, je suis dans la bonne salle ! L'excitation est présente, Tarantino n'a pas le droit de rater ce film, l'attente est trop forte .Il ne reste même plus une place! ! Il est d'ailleurs fascinant de remarquer l'hétérogénéité des spectateurs, toutes les classes, tous les milieux, du chômeur à la baronne, du pop corn au homard .Pas de doute, Tarantino est un de ces rares cinéastes qui donnent encore envie à tout le monde d'aller au cinéma. Et pour ça, chapeau !

Dès les premières images, le style est reconnaissable entre mille : le chapitrage, la musique de Morricone, les codes du western dans un univers aux antipodes du désert mexicain et pourtant, le contexte du film, la traque des juifs, le poids de l'Histoire donnent une nouvelle dimension qui déroute le spectateur .On ne rentre pas dans le film, on tombe dedans .L'intensité augmente de scène en scène : découverte des « basterds », péripéties dans une cave, vengeance, Ours Juif, montage vif et efficace, le Tarantino retrouvé ne nous laisse jamais une seconde de repos jusqu'au dénouement qui fera pâlir plus d'un historien, balayant d'une claque toutes les années creuses du sale gosse des 90's .Le message est clair : « Ce n'est pas de l'Histoire, c'est du cinéma et puis après tout, je fais ce que je veux ». Je n'en dirai pas plus sur le film car quand on se reçoit un coup de massue pareil et que l'on ressort du cinéma dans un tel état : amorphe, presque comateux, c'est qu'il n'y a rien à dire ! Inglourious Basterds est une déclaration d'amour à un cinéma révolutionnaire, qui explose les codes, terrasse la guerre et éradique les pires maux.


Ce long métrage regorge de références et d'hommages .Sauf qu'ici Tarantino ne nous livre pas un film de fan mais celui d'un artiste indépendant qui assume son style, respecte ses maîtres, leurs influences sans pour autant se laisser ronger par elles afin de rester seul et unique créateur. Il est la preuve d'une originalité retrouvée ou tout simplement d'un auteur qui a encore des choses à dire.

Pour faire simple, je dirais que :

« Si Quentin Tarantino est de ceux qui vous donnent envie d'aller au cinéma, Inglourious Basterds est de ces films qui vous donnent envie d'y retourner. »


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BASTERDS !

lundi 28 septembre 2009

Hotel Woodstock: Le freak , c'est out !

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Par Louie Louis

Aujourd'hui, je suis allé voir Hotel Woodstock, et j'ai compris. En fait, j'ai résolu et classé des questions que je ne m'étais jamais vraiment posé. J'ai compris pourquoi la perte de contrôle de soi était à la mode chez les jeunes, pourquoi des centaines de beaufs s'agglutinent dans des "skins party" et pourquoi la débauche est devenue un establishment. J'ai compris pourquoi un petit cinéma d'art et essai de province qui fait généralement preuve de bon goût et de préciosité peut se retrouver pris au piège par le grand règne du cool et ainsi projeter un film comme Hotel Woodstock.


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Can you pass the acid test?


C'est qu'on a le temps de réfléchir pendant que le personnage principal, un jeune juif gay doué en affaires et mauvais en relations, prend son premier trip de LSD: tout y passe: couleurs et formes modifiées, relations sexuelles à plus de deux, au cours d'une scène qui paraît plus longue encore que le film The Doors d'Oliver Stone tout entier. C'est durant cette courte éternité que j'ai compris voyez-vous. J'ai compris qu'avec les hippies, la sauce avait prise. Que nous aurions été plus chanceux s'il en avait été de même pour Kraftwerk. Non, je ne suis pas en train de dire que je n'ai pas écouté les disques du Jefferson Airplane; mais que d'une courte décennie riche en magie, le monde a retenu la fin d'une génération paumée dans ses cheveux longs et gras, et pire, a trouvé cela beau. Woodstock, ça sonne comme le paradis dans la conscience collective, tout en laissant chacun se croire subversif d'apprécier ce "festival". Rien que ce mot...festival... Festival de rock... Woodstock a donné ce que certains prennent pour un héritage, mais qui n'est en réalité qu'un fardeau qui porte plusieurs noms: Rock en Seine, Glastonburry etc... Rien qu'un tas de médiocrité (à cause du public hein, surtout, bien que la programmation laisse souvent à désirer). Enfin, les festivals, c'est cool, tout le monde en parle, c'est une énorme machine à fric, et ce, depuis Woodstock donc, ces trois jours de boue et de maoîsme à l'américaine. Le thème d'Hotel Woodstock, c'est l'organisation de ce festival historique vu à travers ce personnage timide mais entrepreneur dans l'âme très bien défini plus haut: Elliot Tiber (qui a vraiment existé et existe toujours, puisque c'est une histoire vraie) , fils d'immigrés juifs et propriétaires d'un motel dans la région de Woodstock donc, entre champs et marécages. Par une succession de hasards, il se retrouve à la tête de l'organisation du festival de l'été 69, un événement qui va le dépasser dès le début, avec un million cinq cent milles hippies qui l'adulent et un village entier de péquenauds judéophobes qui veulent sa mort et celle de ses parents pour avoir fait de leur paisible comté une zone officiellement sinistrée.


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Si je suis tenté de blâmer ce film, c'est parce que c'est à cause de telles réalisations que le grand mensonge de la société du cool est entretenu: toute cette libération n'est que bullshit. Il n'y a jamais eu libération de la jeunesse, qu'on se le dise. Certains diktats en ont remplacé d'autres, voilà tout. Là où les caméras de Ang Lee veulent diffuser l'image d'une liberté totale, d'une beauté naissante , je ne vois que boue et perte de contrôle des individus, et rien de telle qu'une perte de contrôle collective pour manipuler à souhait. Voilà ce que fut Woodstock: une manipulation, la plus grande escroquerie du rock and roll, et ça Pete Townshend l'avait compris dès le premier accord de guitare qu'il avait sorti devant un million et demi de brûlés des yeux à cause du soleil et du LSD, d'hépatiteux joyeux, de branleurs révolutionnaires et d'hypocrites en tout genre. A première vue, Hotel Woodstock est encore une production qui installe les deux piliers de la dictature douce de l'entertainment confortablement dans les précieux jeunes cerveaux. Un coup dur de plus porté aux adolescents qui le verront et qui fantasmeront sur ce qu'ils y trouveront au premier degré. "Se lâcher", mot d'ordre d'une succession de générations pour qui le ridicule ne tue décidément pas.

Mais, comment détester réellement ce film, qui est aussi de l'initiative d'Elliot Tiber, qui n'a pas tant l'air que ça d'un idiot, quand on dénote la lucidité sous-jacente qui s'y cache. Pour défendre cet argument, deux exemples, aussi anecdotiques qu'efficaces: les allusions récurrentes à l'absence de Bob Dylan (qui habitait Woodstock à l'époque) qui était pourtant attendu, mais aussi fortement incompris. Dylan avait vu arrivé l'embrouille, l'hypocrisie qu'il y avait à se revendiquer contre la guerre en dansant nu sur un van coloré, la récupération du phénomène beatnik pour formater des dizaines de milliers de kids prêts à se gaver sans réfléchir de substances illicites pour qu'ils deviennent des hippies. Les beatniks, les mods, le swinging london, Andrew Oldham: tout ça, c'était l'espoir, le début, un souffle nouveau; mais les hippies, (qui n'étaient plus des hipsters ), c'était la fin et Robert Zimmerman le savait.
Le deuxième exemple, c'est l'allusion finale au festival d'Altamont, qui, comme chacun sait, fut un désastre, faite par ce mec qui avait bien trop les pieds sur terre pour être sincère: Micheal Lang. Ce personnage est le plus cool du film, le plus détendu, mais aussi le plus calculateur: une relation d'adjectifs tout à fait appropriée.

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Micheal Lang (Jonathan Groff), le control freak aux airs de roi lézard & Elliot Tiber (Demetri Martin).

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La famille Tiber, chez le banquier (Henry Goodman, Demetri Martin & Imelda Staunton).


Au risque que ces messages (presques implicites) ne soient captés que par dix pour cent des gens qui iront voir le film, il nous reste une famille juive relativement attachante, une poignée de types à la sexualité incertaine et dépassés par tant d'agitation, ainsi que de très bonnes anecdotes comme cette gaffe faite par Elliot lors d'une conférence de presse, alors qu'il avait fumé son premier joint d'herbe : "toute la musique du festival sera gratuite" qui conduira le gouverneur à déclarer l'enceinte du festival zone sinistrée à cause d'une arrivée trop massive de jeunes gens (moins de dix mille personnes étaient initialement prévues, ce qui suffisait déjà a rendre riche la petite famille Tiber). Bref, ce petit personnage révolutionnaire malgré lui ne peut pas donner un mauvais film, tout comme il n'a pas pu rendre trois jours si vicieux que ça, mais l'éternel problème, c'est la récupération... Et Hotel Woodstock renvoie inévitablement cette regrettable image de récupération, comme un pathétique remake d'une histoire qui porte déjà son poids de laideur.

Heureusement, pour mettre tout le monde d'accord, il reste les Beatles, la solution parfaite des sixties; et c'est heureux que l'on en parle beaucoup en ce moment.

dimanche 27 septembre 2009

Quelques nouvelles.

Précieux lecteurs,

Louie Louis vous propose dans la rubrique "les chroniques de Zhou" une première interrogation sur le nouvel avènement du rétro-futurisme à travers la compilation d'Alexis Le Tan avec les graphistes de Ill Studio: Audible Visions. Affaire à suivre.


Un entretien avec Bertrand Burgalat ainsi qu'un hommage au docteur gonzo Hunter S. Thompson par Little Johnny Jet sont toujours disponibles dans les archives.

Nous vous informons aussi qu'un contenu nouveau et exclusif arrivera sur ce blog en cours de semaine, ainsi qu'un nouveau numéro papier avant la fin de l'année.

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Audible Visions: Retour vers le rétro-futurisme

Par Louie Louis

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Je crois bien qu'une nouvelle ère s'ouvre à nous.
En 2007, les Français découvraient Justice, puis Justice a fait re-découvrir Daft Punk aux Français, puis, enfin, les Français se sont lassés de Justice et de Daft Punk; ce qui est heureux. Mais les Français n'ont pas oublié ce que la musique électronique hyper-référencée pouvait leur apporter de fierté hexagonale et de confiance en eux.
C'est ainsi que l'année 2009 est devenue un vaste terrain de jeu pour les "eh mec, j'ai découvert cette B.O de Jean-Michel Jarre sur un blog, elle date de 73" ou "Putain, brigade Mondaine, par Cerrone: une tuerie". Bien sûr, je suis le premier à me prêter au jeu: j'écoute en écrivant ces lignes la B.O de Captaine Future, et je fantasme chaque seconde un peu plus sur le Space beyond the egg de The Emperor Machine: c'est vrai quoi, comment peuvent-il encore enregistrer une batterie de cette façon? Un déluge de rythmes funk qui accompagne des synthétiseurs tous plus rétros les uns que les autres. Une superbe recette. Emperor Machine n'aura jamais autant de succès que cette année.
Bref, tous les kids qui écoutaient les Electric Prunes et les Easybeats il y a deux ans semblent aujourd'hui ne jurer que par Jean-Jacques Perrey et le Universal energy de
Bernard Estardy. Nous substituerons donc au mot "passéisme" qui nous fut jadis assigné à tort et à travers au terme "rétro-futurisme", qui veut à quelque Moog près dire la même chose. Mais préférer les modulations d'un Korg MS-10 à la guitare fuzz passera toujours mieux auprès des trentenaires rabats-joie. C'est pourquoi je lance ce cri d'alerte: "ATTENTION, NOUS RENTRONS DANS LE RANG". Mais tous ces sons synthétiques sont si jouissifs que je serais tenté de vous déconseiller l'achat de Garageland
par ungemuth, qui, disons le, arrive un poil trop tard, et de vous ordonner l'acquisition de Audible Visions , une compilation récemment sortie, tirée à cinq-cent exemplaires:
elle coûte douze euros de moins que le livre de Nicolas Ungemuth et est au moins douze fois plus intéressante en ces nouveaux temps anciens.

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Cette pépite a été concoctée par Alexis Le-Tan, qui nous avait déjà livré son excellente Space Oddities, et les graphistes de Ill Studio, collectif très en vogue, bien meilleur sur un artwork de compilation que sur des tee-shirts, et qui a réussi à faire de Audible Visions ce que le CD aurait toujours dû être: un objet libre et futuriste, sans son immonde boîtier en plastique.
L'angle adopté ici est une sorte de mysticisme de l'an 3000, comme si Louis Pauwels et Jacques Bergier rencontraient Capitaine Flamme et une troupe d'artistes conceptuels adaptant jules Verne au théâtre: une sorte d'expérience paranormale faite pour les fidèles de chez Colette; qui musicalement s'apparente au pire à du Goblin de série B, au mieux à du François de Roubaix pour un film d'horreur, le tout joué par des synthétiseurs dont nos aînés des nineties n'auraient même pas voulu entendre parler. Mais peu importe... Audible Visions arrive au moment idéal, l'enchaînement des morceaux est parfaitement efficace, l'objet est beau: une sorte de Must Have quoi; qu'on n'écoutera plus en Janvier 2010 parce qu'on en sera enfin aux vrais fondamentaux, du moins je l'espère, et que Moondog et André Popp seront réédités.
Pour l'heure, Audible Visions est la bande-son parfaite pour vos soirées hype, au moins aussi parfaite que l'était le répertoire Northern Soul il y a deux ans à la même époque.
Et il ne s'agit pas d'un événement isolé: le catalogue de la marque Sixpack, autrefois pollué par les digressions chromatiques d'Akroe, est cette fois réalisé par Ill Studio, et se targue de photos des statues de Pâques en sépia et de formes géométriques à dimension mystique, Metropolis de Fritz Lang est redécouvert peu à peu, joué au festival d'Avignon par deux compagnies; les jeunes générations délaissent Farfisa et parlent Arp Odyssey; le grandiose duo AIR sort un nouvel album en Octobre, Institubes a signé Rob qui y entreprend son fabuleux projet Dodécalogue, et sort des joyaux tels Chateau Marmont (qu'est ce que c'est mieux que TTC).
A n'en plus douter, le Rétro-Futurisme est de retour, et la compilation Audible Visions en est une preuve parmi d'autre, la posséder, c'est en être un témoin privilégié.
Mais qu'est-ce que le rétro-futurisme en 2009? La preuve que certains, même dans le caniveau, tournent encore la tête vers les étoiles? Une ultime forme de passéisme, qui nous fera d'ici peu tourner la page à tous? Un désir de mysticisme prononcé en ces temps de dur pragmatisme sociétal? Un simple jeu mené par une élite de hipsters du nouveau millénaire?
Aucune réponse dans ma tête, juste un fairlight et quelques cordes trop cheap pour être jouées par des violons.

mercredi 23 septembre 2009

FASTER & FASTER

Le blog de Zhou vient d'ouvrir ses portes.
Avant de vous livrer un contenu nouveau, riche en dossiers, interviews et autres, ainsi qu'un
nouveau numéro papier, Louie Louis ouvre les archives et vous propose quelques uns des meilleurs papiers parus dans les précédents numéros de Zhou.

De nouvelles rubriques, sur le côté droit du blog, apparaîtront au fur et à mesure que des articles seront postés.

Vous pouvez trouver les archives dans les rubriques "Zhou n°2" et "Zhou n°3".

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Les archives de Zhou: Hunter S.Thompson - Kingdom of fear ou la dialectique de la peur (Zhou n°3)

Par Little Johnny Jet

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Quel est l’avant-propos adéquat? Que faut-il vous dire en premier? Qu’il s’agit ici de l’avant-dernier livre du Docteur Thompson, adulé par les adolescents pour sa prise de drogue phénoménale et par tout autre type de freaks pour sa pensée profondément subversive? Ou que le gonzo journalisme est une culture de marge qui ne sera jamais autre chose qu’une anecdote virulente et détonante dans la deuxième partie de notre défunt 20éme siècle ? Qu’est-ce-que vous, lecteurs de Zhou, achetant ce Fanzine d’un type « pavé dans la marre », voulez savoir vraiment? Que votre perception du monde peut basculer d’un moment à l’autre à l’approche de ces lignes ; une explication exhaustive de l’œuvre d’un Américain ayant essentiellement vécu dans les montagnes du Colorado où il tirait a vue (dans tous les sens du terme) sur tout ce dont ce monde peut comporter d’acquis? Une chose est sûre, vous ne trouverez pas dans ce livre ce que vous êtes venu y chercher…et dans cet article non plus d'ailleurs.


Je pense qu’il faudrait plutôt vous parler de la peur. Car voyez-vous, c’est uniquement de cela dont il s’agit. Hunter Thompson ne nous a pas livré ici ce que nous attendions tous la bave aux lèvres : son autobiographie complétée, chronologique, chroniquant avec précision toutes ses bizarreries et ses faits d’armes les plus hallucinants. Non. Il s’agit d’un testament, de la mise au clair du reste de son oeuvre. Un testament en forme de pierre de Champollion, permettant de comprendre quelle force souterraine l’a poussé à écrire toute son œuvre. Voilà la vérité : Hunter Thompson était guidé par la peur. Ou plutôt c’est lui qui la guidait, l’injectait dans sa vie de manière quasi inconsciente. Sa nature profonde d’outlaw lui faisait vivre des situations à hauts risques de par la menace quasi constante d'aller en prison, mais aussi des menaces de mort venant de toute part de l'Amérique. Car tout comme Robin des Bois, il violait les lois s’interposant à sa propre morale. Il est l’explication vivante de cette phrase de Dylan « Pour être honnête, il faut être hors la loi ». Voilà comment cette petite vérité devrait mettre vos neurones à feu doux lors de vos prochains cours de philosophie sur la loi des hommes et la morale. C’est le moment précis où l’homme se retrouve confronté à devoir choisir entre les règles de société et sa liberté individuelle.

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C’est ce qu’il m'arrive à chaque fois que je vais chez le médecin. Quand celui-ci exige 40€ remboursables uniquement à 50%, m’enlevant par le même tour de main une partie non négligeable de mon maigre pécule de vie. Encore même du pue me sortirait du prépuce que ce singe nazi serait obligé de me soigner gratuitement dû à son serment d’Hippocrate. Alors, pourquoi me forcer à payer une telle somme ?
Cela arrivera encore, quand contraint par la faim, il nous faudra frauder les transports en commun sans lesquels la vie est aujourd’hui impossible. Et me voilà passé en jugement, comme le dernier des chauffards, condamné à payer une somme colossale pour un service qui m’était vital.

Ces petits exemples de tous les jours se rapprochent de l’impulsion fondatrice du gonzo journalisme. Quand arpentant les couloirs du métro, vos sens sont à l’affût de tout mouvement suspect, que votre cœur tressaute à la vue de la chemise verte du contrôleur, qu’il vous faudrait vite repérer leur guetteur. Le choix se fera entre la fuite où la tentation d’embrouiller l’ennemi devant vous. Peut-être ferez-vous une pause en refaisant vos lacets alors que vous portez des boots et qu’un vieux ticket de métro trouvé sur le sol sauvera la mise. Il s’agit là d’un détail, d’une saynette ; mais c’est toute une problématique de vie qui s’y cache.

La peur est un sentiment très peu utilisé dans la démarche créatrice. Elle sert aux arts de genre. On cultive la peur pour la relancer sur d'autres. Mais qu'arrive-t-il quand cette peur fait rire l'autre. Quand elle provoque des situations impossibles, un état d’âme improbable? Quand l'esprit est réduit à celui d’une bête sauvage prête à tout pour s'en sortir. C'est exactement cela le ressort comique de l'écriture de Thompson: c'est le voir se foutre dans de beaux draps pour s'en sortir de manière magistrale emmenant au passage toute une partie des idées préconçues, rentrant dans une réflexion profonde sur les possibilités d'une société libertaire où l'homme ne serait que face à ses choix et n'aurait pas à les justifier devant les autres. C'est cela le gonzo journalisme, c'est mettre à la face du monde la vérité nue, la possibilité d'un soi libre, le démantèlement du mécanisme de notre action sur nos semblables.

Souvent, les auteurs et journalistes qui écrivent avec le style gonzo le font intuitivement. Ils découvrent l'oeuvre de Thompson, Bangs, Richard Meltzer bien après avoir commencé l'écriture. L'écriture gonzo est une intuition, une manière de concevoir les règles et surtout de les refuser. C'est la négation du journaliste, le refus du romanesque. C'est un acte nihiliste renvoyant au fond des cordes la pensée unique et la bienséance. Parler de soi, de manière complète et honnête, cela demande d'être bien plus humble que l'on ne le puisse penser.

Car les non humbles tomberont dans l'auto fame, la masturbation écrite. Ecrire avec tout le sérieux que cela exige, c'est tout de même élever sa vie à un statut d'oeuvre d'art. Et je crois que cela, Thompson y est bien arrivé. Maître de sa vie jusqu'au bout, jusqu’à ce qu'il tire la balle finale au travers de son cerveau, tirant un trait sur sa personne. Deux ans après avoir écrit cela : Kingdom Of Fear.

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Hunter.S.Thompson//Kingdom Of Fear : Loathsome Secrets of a Star-crossed Child in the Final Days of the American Century//Penguin Book//2003

Version Originale jamais traduite en Français.


Article dans son contexte original paru dans Zhou n°3, disponible.